Le numéro spécial du Philosophical Journal of Conflict and Violence que j’ai eu l’honneur de diriger, consacré à la question de la violence et du conflit dans les sports et les jeux, est maintenant disponible.
Les articles sont rédigés en anglais, que je me permets de présenter ici en français :
- Avant propos par Raphaël Verchère : présentation générale de ce numéro thématique.
- Les « croisades morales » contre les sports de combat, par Matthieu Quiddu : les sports de combat sont souvent dénoncés pour leur violence, mais un examen attentif des oppositions qu’ils suscitent montre que ce rejet tient essentiellement à des raisons sociales.
- La violence dans les jeux et les sports des Indiens d’Amérique du Nord, par Fabrice Delsahut : les colons ont souvent décrit les pratiques corporelles des amérindiens comme violentes, et essayèrent de les réguler, mais la structure archaïque rituelle de ces jeux semble subsister en dépit de sa forme moderne.
- Le MMA : un processus de civilisation ou de décivilisation ? Une analyse bibliométrique, par Robin Delory, Pascal Roland et Olivier Sirost : la thèse de Norbert Elias d’une euphémisation de la violence est mis à l’épreuve par l’apparition de nouvelles pratiques en apparence violence, telles que le MMA, et cet article propose une synthèse des travaux sur la question.
- L’occultation de la violence dans l’histoire de l’escrime : sémantique, codification et déterritorialisation, par Elise Defrasne Ait-Said : l’histoire de l’escrime est celle de la dénégation de la violence de ce sport qui s’enracine dans une tradition des duels, qui est problématique dans la mesure où elle perdure dans les conduites motrices sur lesquelles elle se fonde.
- De manière noble : maximiser l’efficacité et minimiser la violence dans le judo, par Dario Mazzola : en se basant sur une étude minutieuse des textes fondateurs du judo, cet article montre en quoi le judo est, paradoxalement, un art martial non violent.
- La culture samouraï et le christianisme : une interprétation girardienne de l’éthique des arts martiaux, par Rodney Douglas Eadie : à la lumière de la théorie de la violence mimétique et du bouc émissaire de René Girard, cet article montre que les arts martiaux peuvent s’inscrire dans une éthique chrétienne de l’autodéfense.
- Des Ultras dans la ville. Une enquête sociologique de la violence urbaine au Maroc, par Abderrahim Bourkia : la violence présente chez certains supporters de football au Maroc sert de révélateur à une violence urbaine sous-jacente présente dans la société marocaine.
- Lorsque la violence devient belle, par Boryana Angelova-Igova : un consensus existe pour rejeter la violence, mais il est possible de la réhabiliter esthétiquement, ce qui permet d’inscrire les jeux et les sports violents dans une autre perspective.
- Pierre de Coubertin était-il pacifiste ?, par Raphaël Verchère : Pierre de Coubertin, père fondateur des Jeux Olympiques modernes, est souvent présenté comme un pacifiste, comme en témoignerait ses efforts en faveur de la « trêve olympique » ; une analyse attentive de ses écrits montrent en fait une lecture plus complexe et nuancée des conflits et de la violence.
- Les sports et la guerre, par Pierre de Coubertin : traduction (en anglais) inédite de ce texte de 1912 par Raphaël Verchère et Andreas Wilmes, dans lequel Pierre de Coubertin montre les rapports ambigus entre le sport et le conflit.
- Le statut éthique du taureau dans la corrida, par Francis Wolff : traduction (en anglais) inédite de ce texte par Andreas Wilmes, dans lequel Francis Wolff cherche à dépasser la réprobation spontanée de la violence dans la corrida.
- De la violence contre les animaux. Pourquoi il est mal de blesser des animaux non humains dans des jeux, par S. P. Morris : la violence présente dans les jeux étant admise du fait du consentement des participants, il n’est pas possible éthiquement d’en exercer sur les animaux, ces derniers ne pouvant consentir à celle-ci.
- L’auto-santé après blessures dans les arts du cirque. Une enquête philosophique, par Bernard Andrieu, Joséphine Buffet, Cyril Thomas, Haruka Okui, Petrucia de Nobrega : la violence de la blessure faite au corps dans les pratiques des circassiens trouve à s’exprimer dans les pratiques d’auto-santé, qu’il est possible de penser à partir de Michel Foucault.
- « Marche ou Crève » : la critique de Stephen King du sport et de la société contemporaine, par Fred Mason : analyse de ce roman, publié sous le pseudonyme de Richard Bachman, qui se propose comme une critique de la violence de la société à venir.